ETXERAT (4-8-2019). Cette année encore, nous sommes amené.e.s à nous rassembler sur les plages. Pas parce que nous sommes en vacances, pas pour profiter de la mer, malheureusement, mais pour faire connaître l’envers de la carte postale à ceux qui viennent visiter ce pays. Les prisonnier.e.s et exilé.e.s politiques basques continuent de subir de graves violations de droits, et nous, leurs familles et ami.e.s, également, en raison de la politique d’exception qui leur est appliquée.

Huit années sont passées depuis que l’organisation ETA a mis un terme à ses actions armées. Depuis, des pas très importants ont été faits. La société basque a mené un très gros travail dans la voie de la paix et de la résolution du conflit, et aujourd’hui, la quasi-totalité de cette société demande la résolution de la question des prisonniers.

Mais nous sommes toujours bloqués dans la même situation. “La fin de la violence” a été célébrée dans de nombreux endroits, y compris de grandes institutions, y compris au niveau international. Le Président Macron lui-même a déclaré le 13 mai à Biarritz que “le devoir de l’État est d’accompagner le processus de paix”. Mais pour notre part, nous ne pouvons pas parler de la souffrance au passé, car elle est toujours notre réalité quotidienne.

Oui nous avons vu des changements. Grâce au travail commun du Gouvernement français et des Artisans de la Paix, une partie des prisonniers basques a été rapprochée dans les prisons de Lannemezan et de Mont-de-Marsan, réduisant la charge de ces familles, et plus important encore, impliquant une reconnaissance de l’injustice et de la gravité des conséquences de la politique d’éloignement. Mais une bonne part d’entre eux reste éloignée, nous ne savons pas jusqu’à quand, de même que la quasi-totalité des prisonniers basques de l’État espagnol, malgré des déclarations contraires faites par le gouvernement Sanchez à son arrivée au pouvoir.

Ces dernières semaines, deux tribunaux français ont accordé la libération conditionnelle à des prisonniers basques, dans un jugement tenant compte du changement de situation politique, ce qui est également un pas très important. Mais les Procureurs qui représentent l’État français ont aussitôt fait appel, maintenant ces prisonniers derrière les barreaux. Lorentxa Beyrie à Roanne, prisonnière depuis 18 ans, et Xistor Haranburu à Lannemezan, prisonnier depuis 29 ans, qui remplissent pourtant toutes les conditions juridiques pour accéder à ces libérations. Nous pensons également à Jakes Esnal et Ion Kepa Parot qui eux aussi auraient pu être libérés depuis longtemps.

Une autre situation d’urgence absolue reste sans solution, après tant d’années, celle des prisonniers gravement malades. 20 prisonniers du Collectif sont dans ce cas, parmi lesquels Ibon Fernandez Iradi et Jon Gurutz Maiza à la prison de Lannemezan. Nous savons que la prison crée des maladies et nous savons que les conditions carcérales aggravent ces maladies, empêchant les traitements et un suivi adéquats. La loi garantit leur libération, pourquoi sont-ils maintenus dans une situation aussi cruelle?

Il faut ajouter à cela l’arrestation et l’incarcération au mois de mai par les autorités françaises de Josu Urrutikoetxea, qui a également de graves problèmes de santé.

Pour finir, la répression continue, et nous exprimons notre total soutien aux 47 personnes qui vont être jugées à Madrid en septembre pour leur travail en défense des droits des prisonnier.e.s politiques basques. Parmi elles figurent deux anciennes porte-parole de notre association, Izaskun Abaigar et Nagore Lopez de Luzuriaga, que nous embrassons particulièrement.

C’est là que nous en sommes, les demandes les plus urgentes, ne serait-ce que d’un point de vue humanitaire, n’ont pas encore été prises en compte et les mesures et procédures d’exception sont toujours en vigueur, de même que leurs tragiques conséquences : les accidents sur les routes, mortels à 16 reprises ; les prisonnier.e.s maintenus par tous les moyens en prison, même s’ils sont gravement malades, même s’ils auraient pu être libérés depuis des années, les procès de la solidarité... Nous entendons, et pouvons comprendre, que le temps politique est forcément long. Mais le temps carcéral, lui, court à toute vitesse, joue contre nous et nous détruit, tant les prisonnier.e.s que nous, leurs proches. Ça suffit!

Pour notre part, nous réitérons notre engagement à travailler à la fin des mesures d’exception dans les prisons, à la reconnaissance des victimes de cette politique pénitentiaire, et au retour chez eux, chez nous, de tou.te.s les prisonnier.e.s et exilé.e.s politiques basques. Nous appelons l’ensemble des citoyen.ne.s à se joindre à toutes les mobilisations dans ce sens. Car c’est un pas indispensable pour une véritable résolution.

Nous les voulons et avons besoin d’eux à la maison!

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