Etxerat

ETXERAT (29-6-2019). Voici le texte lu le 29 juin dernier à Laudio lors de l’hommage à Pili Arsuaga et Alfonso Isasi, tués il y a 29 ans en conséquence de la politique de dispersion.

Avant tout et au nom d’Etxerat, nous voulons remercier tous ceux qui sont venus aujourd’hui et, plus particulièrement, les proches de Pili et Fontso.

Lundi 1er juillet marquera le 29ème anniversaire de la mort de Pili Arsuaga et Alfontso Isasi. Au-delà du souvenir toujours vif et de l’amour avec lequel nous rappelons chaque année leur absence, nous voulons que leurs mémoires sortent de l’ombre vers la lumière de la reconnaissance, nous avons besoin de transformer notre douleur en un pas vers l’avant, vers un avenir dans lequel ce qui est arrivé ne se reproduira plus jamais.

Nous avons le droit d’aller de l’avant. Nous sommes en train de faire des pas vers une nouvelle époque. C’est dur, mais nous avançons. Nous avons le droit d’ouvrir une nouvelle ère porteuse de plus d’espoir. Nous sommes dans le chemin de la résolution, du vivre-ensemble et de la paix et pour tout cela, il est indispensable de reconnaître la souffrance créée par la dispersion et par une politique d’exception cruelle, pour que tout cela ne se reproduise plus !

Il y a une semaine à Zierbena, un hommage a été rendu à Jose Mari Maruri, victime d’un accident de la route alors qu’il allait rendre visite à son fils prisonnier. Ici, à Laudio, nous sommes réunis en souvenir de Pili et Fontso, également tués dans un accident au retour de Galiza, où ils avaient rendu visite à Maribi, leur fille et amie, à la prison d’Ourense. Victimes de l’éloignement. Victimes d’une politique pénitentiaire d’exception qui les a obligés à réaliser un voyage duquel ils n’ont pas pu revenir.

Nous ne pouvons ni ne voulons cacher notre douleur. Nous la portons en nous parce que c’est la douleur de l’absence. Les années passent, et la situation des parents et amis de prisonniers politiques basques n’a pas changé. À l’accident de Pili et Fontso, se sont ajoutés des centaines d’autres, et aussi d’autres victimes mortelles. Cette douleur est pour elles toutes et chacune d’entre elles.

Au nom de la vérité et de la mémoire, nous voulons rappeler ici le souvenir d’Arantza, Sara, Leo, Karmele, Iñaki et Argi, Mari Carmen, Antxoni, Iñaki et Asier, Ruben, et Natividad.

Toutes et tous sont des victimes de la dispersion, qui ont rencontré les risques de la route dans les voyages imposés pour pouvoir voir, entendre et embrasser ceux et celles qu’ils aimaient. Ce sont des victimes de la dispersion et leur reconnaissance est indispensable pour que cela ne se reproduise jamais.

Aujourd’hui même, ce week-end encore, des dizaines de personnes, parents et amis vont risquer leur vie sur les routes. Nous continuons de payer un prix exorbitant, c’est notre condamnation pour faire partie de leurs familles et les aimer. La condamnation que Pili et Fontso ont payé de leur vie.

Mais être proche de prisonniers basques et les aimer ne doit pas être un délit. Le pari pour la résolution, le vivre-ensemble et la paix en vaut la peine, et pour cela, une fois encore, la reconnaissance de ces victimes, celles de la dispersion, la reconnaissance de toutes les douleurs, sont indispensables. Nous ne voulons pas être ceux qui, enfermés dans notre douleur, retarderont les avancées vers ce futur. C’est la meilleure contribution que nous pouvons apporter.

Aujourd’hui, à Laudio, nous célébrons la mémoire de Pili et Fontso, et nous voulons transmettre tout notre amour et notre entière solidarité à leurs proches. Nous exprimons ici notre engagement pour la fin de l’éloignement, la mémoire et l’avenir.

Pili eta Fontso, beti egongo zarete gure memorian eta bihotzetan.