Maison de la Paix

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L'année 2014 qui va se terminer a été noire pour nous. Elle avait commencé avec des rafles et de nouvelles incarcérations. Elle s'est teintée de noir avec la mort du prisonnier politique basque Arkaitz Bellon, retrouvé sans vie dans sa cellule andalouse à 1200 kilomètres de chez lui. Il était à quelques semaines de la fin de sa peine, une peine de 13 ans pour avoir brûlé un bus et un distributeur de billets. Un jeune qui aurait déjà dû être libre, et qui ne rentrera jamais chez lui.

Arkaitz a subi des passages à tabac et des traitements brutaux dans les prisons d'Algeciras, Puerto I et Sevilla. Sa mort a été qualifiée de naturelle et peut-être l'est-elle : quoi de plus naturel que de mourir dans un système qui est fait pour détruire les personnes physiquement et psychologiquement ? La mort d'Arkaitz est la conséquence de la politique pénitentiaire actuelle. Une autre des mesures bestiales subies par Arkaitz est l'isolement. Bestiale car elle consiste à maintenir une personne sans aucun contact humain que celui des matons pendant des mois. Ça a été le cas cette année, par exemple, pour les avocats Jon Enparantza et Arantza Zulueta.

Nous avons également connu dix accidents cette année sur les routes de la dispersion cette année. Nous avons vu ce chiffre grandir au fil des mois... et nous devions reprendre la route chaque semaine. Ces accidents ont des responsables politiques. Mais avant qu'ils ne se produisent, ce sont les partis politiques et les institutions qui n'ont pas été à la hauteur. Ils n'ont pas réagi. Où sont les belles paroles qu'ils prononcent à chaque accident ? Et qu'ont-ils fait pour qu'il n'y en ait plus jamais d'autre ? Ces accidents ne sont pas dus au hasard. Ils sont provoqués par la dispersion. Un tous les 36 jours cette année. Et en plus des accidents, nous subissons le harcèlement, les filatures, les contrôles, de la part des Forces de Sécurité. Jusqu'à quand ?

463 prisonniers politiques basques se trouvent aujourd'hui dans des prisons d'Espagne, de France, d'Angleterre, du Portugal et d'Allemagne. En Espagne, il y a 356 prisonniers dispersés dans 44 prisons. En France 98 dispersés dans 28 prisons. C'est une politique de vengeance, avec 42 % des prisonniers à plus de 800 kilomètres. 194 au total. 37 % se trouvent à des distances entre 500 et 790 km. Des voyages de milliers de kilomètres pour nous.

Mais il y a pire. 9 prisonniers souffrent de maladies graves et incurables. La loi permet leur libération, mais ils sont maintenus derrière les barreaux... toujours la vengeance. Où est leur droit à la santé ? C'est le cas, par exemple, pour Ibon Fernandez Iradi, qui souffre de sclérose en plaques à la prison de Lannemezan et pour qui les juges français ont encore repoussé la décision de lui appliquer la loi Kouchner. C'est aussi le cas pour Ibon Iparragirre, réincarcéré alors qu'il souffre du SIDA au stade C, le plus avancé. Ou pour Aitzol Gogorza... et 6 autres hommes et femmes.

Ces dernières semaines, la presse espagnole a diffusé une rumeur selon laquelle un transfert massif de prisonniers allait avoir lieu entre de la France vers l'Espagne. Par le biais d'un accord européen, l'Espagne et la France seraient en train de préparer un piège légal pour violer l'esprit de cette loi. Elle doit ramener les prisonniers près de chez eux, ils seront envoyés près de l'Afrique, à Algeciras par exemple. La ministre de la Justice, Mme Taubira, permettra-t-elle cette nouvelle violation de droits ? Ou respectera-t-elle, comme elle l'a dit publiquement, la volonté des prisonniers ?

L'État espagnol est très habile en ce qui concerne les pièges. Il a déjà été condamné par l'Europe pour la doctrine dite Parot, et nous le voyons ces jours-ci manœuvrer pour violer un autre accord européen. Feront-ils enfin le choix de respecter les droits fondamentaux ?

Ce rapport annuel recueille les violations de droits survenues d'une Journée des Droits de l'Homme à l'autre, soit du 10 décembre 2013 au 10 décembre 2014. Ce sont les droits des enfants, des familles, le droit à la santé, celui à l'intimité... qui ont été violés. Et c'est ce rapport que nous remettrons aux élus, parmi lesquels le président Urkullu.

Et à deux jours de cette Journée Internationale des Droits de tous, nous demandons à l'ensemble des acteurs politiques, sociaux et syndicaux un engagement absolu pour que ces violations de droits ne puissent pas se reproduire. Responsabilité et engagement.

Eskerrik asko.