Conférence de presse donnée par Etxerat le 8 janvier dernier à Donostia (San Sebastian).

Le 13 janvier prochain, le Tribunal Suprême espagnol rendra sa décision au sujet de l'accumulation des peines ; autrement dit sa décision au sujet de la nouvelle ruse juridique qui pourrait permettre d'allonger encore les peines des prisonniers politiques basques. Nous saurons ce jour-là si l'État espagnol fait une fois encore le pari de la ruse et du piège, ou non. Il peut choisir le piège, ou, pour une fois, le moyen de commencer à détricoter les mesures d'exception. Choisir le respect des droits humains, ou mépriser une loi européenne, poursuivant sa vengeance politique.

Cette mesure a une influence directe sur nous qui sommes réunis ici. 56 prisonniers politiques basques sont concernés. Mais derrière ces 56 hommes et femmes, il y a des familles entières. L'État a fait le choix du maintien de ces personnes en prison. Malgré la loi, et malgré l'Europe, en refusant de déduire de leurs condamnations les peines déjà réalisées dans l'État français. Donc en continuant d'utiliser la politique pénitentiaire comme moyen de vengeance contre notre peuple. En tant que personnes, en tant que familles, nous sommes profondément heurtés et révoltés de cette volonté de les maintenir en prison bien qu'ils aient fini leur peine. Nous ressentons de la douleur, de la colère, de l'épuisement, mais nous ne sommes pas étonnés. Nous savons que c'est un autre pas dans le chemin de la vengeance politique. De la même façon qu'ils nous obligent chaque semaine à prendre la voiture, le bus, le train, l'avion... pour des milliers de kilomètres. Cette fois, cependant, il y a un changement qualitatif. Jusqu'à maintenant, l'État espagnol violait systématiquement les droits fondamentaux et ses propres lois selon les intérêts du moment. Aujourd'hui, il continue de violer les droits, mais, en plus de cela, il méprise sciemment la législation européenne, parce que celle-ci lui déplaît. Mépris, violation, piège. Le début d'un nouveau scandale juridique.

Ce n'est malheureusement pas la première fois que nous nous trouvons dans une telle situation, et nous vivons cette attente avec une sensation de déjà-vu. Ce nouveau piège envers l'Europe ressemble beaucoup aux ruses employées avec la fameuse doctrine 196/2006 dite « Parot », ruses qui avaient débouché sur une condamnation pour l'Espagne. Tout cela nous inspire doutes et méfiance. Nous savons qu'ils ont réformé la loi dans le seul but d'empêcher les effets d'une Décision Cadre Européenne – qui s'impose à tous les États de l'Union Européenne. Autrement dit, ils ont violé la loi pour des intérêts purement politiques. Pourquoi l'Espagne met-elle tellement de temps pour intégrer cette législation européenne à sa propre loi nationale alors qu'elle aurait dû le faire avant août 2010 ? En définitive, le législateur peut-il désobéir à une règle ordonnée par une Décision Cadre Européenne ? Il ne le peut pas, à moins de violer la loi européenne. Assisterons-nous le 13 janvier prochain à un nouveau scandale juridique ou la loi sera-t-elle enfin appliquée normalement ?

Pour dénoncer cette situation et pour que nous ne vivions plus jamais ça, nous lançons un appel à participer à la manifestation du 10 janvier à Bilbao. Nous avons rendez-vous à 17h30 dans les rues de Bilbao pour que les droits qui sont les nôtres soient respectés. C'est un travail que nous devons mener tous ensemble. Il est grand temps d'en finir avec la dispersion et les lois d'exception. Nos droits sont violés systématiquement. Jusqu'à quand ? Oui il est grand temps que tous fassent des pas concrets. Car nous parlons de droits humains.

Merci.

Eskerrik asko.