Etxerat

ETXERAT (18-01-2019). Les gouvernements espagnols et français sont très en retard sur la société basque en ce qui concerne les pas et initiatives destinés à la résolution le conflit. Nous faisons une lecture très positive de la manifestation qui s’est déroulée le week-end dernier à Bayonne et à Bilbao, et nous nous joignons à l’appel qui a été fait aux deux gouvernements d’en finir définitivement avec les politiques pénitentiaires d’exception.

Il n’y a aucune raison de ne pas rapprocher définitivement tous les prisonniers de l’État espagnol à Zaballa. Il n’y a aucune raison de ne pas libérer les prisonniers gravement malades et ceux d’âge avancé.

Les gouvernements espagnols et français cèdent à la pression de secteurs déterminés, de façon à maintenir la souffrance et à empêcher toute avancée vers la paix, la résolution et la réconciliation.

Nous ne pouvons pas parler, loin de là, de normalisation. La situation des familles et amis de prisonniers politiques basques est même encore pire depuis les timides initiatives de l’an dernier, car les expectatives créées ont entraîné encore plus de tension et de frustration. Chaque jour qui passe suppose une charge plus lourde dans notre situation.

Au vu de la situation générale de l’ensemble des prisonniers politiques basques, les mouvements faits par les gouvernements ne sont pas significatifs, et leur initiative est insuffisante.

Pour notre part, nous avons respecté notre engagement à travailler pour la paix et le respect des droits de toutes les personnes et à appuyer et prendre part à toutes les initiatives allant dans le sens de la résolution du conflit.

POLITIQUE PÉNITENTIAIRE

1. RAPPROCHEMENTS

Durant les six mois qui se sont écoulés depuis l’arrivée du PSOE à la présidence du gouvernement espagnol et après l’annonce de changements dans la politique pénitentiaire de l’État espagnol par Pedro Sanchez :

• 16 rapprochements de prisonniers basques du collectif ont été annoncés, dont 14 ont été réalisés à la date d’aujourd’hui. Aucun de ces prisonniers n’a été transféré dans une prison du Pays Basque.

• Si ce n’est pas pour continuer à nous utiliser, pourquoi ne pas les transférer à Zaballa et Iruñea ? S’il ne s’agit plus d’une mesure politique mais pénitentiaire, pourquoi ne sont-ils pas transférés dans des prisons du Pays Basque ?

• Pedro Sanchez a créé des expectatives sans rien concrétiser. Il a joué avec l’espérance des familles. La souffrance n’a pas été désactivée, mais ce gouvernement propose de fausses pistes à la société basque sur les rapprochements.

• Les mouvements réalisés jusqu’à maintenant ne sont pas différents des autres transferts qui font partie de la dynamique habituelle de la dispersion depuis 30 ans.

• Le risque n’a pas disparu. Tous les parents et amis continuent d’être des victimes potentielles. En 2018, nous avons comptabilisé 7 accidents sur les routes des prisons. Ces accidents ont affecté 16 personnes, parmi lesquelles des enfants. Un accident a déjà eu lieu en 2019. Nous en comptons 100 pour ces 10 dernières années. La dispersion et l’éloignement ont déjà provoqué 16 victimes mortelles.

• Le poids financier est toujours le même.

2. PRISONNIERS MALADES

• Les prisonniers atteints de maladies graves et incurables n’ont pas été libérés : ils sont actuellement 21 (15 dans la liste publique et 6 qui souhaitent garder l’anonymat). Kepa Arronategi a été transféré à Zuera, Gorka Fraile à El Dueso et Jagoba Codó à Logroño. L’annonce du transfert d’Arronategi a été accompagné de la diffusion d’informations sur sa maladie, en violation de son droit à l’intimité et à la confidentialité expressément demandée par le prisonnier du même.

• Prisonniers d’âge avancé : il y a aujourd’hui deux prisonniers de plus de 70 ans ; 12 de plus de 65 ans ; 19 autres ont plus de 60 ans.

3. AUTRES CHIFFRES

• Accomplissement des peines. Plus de 50 prisonniers basques sont incarcérés depuis plus de 20 ans. 15 prisonniers ont déjà purgé entre 25 et 30 ans. Dans l’État espagnol, 14 femmes sont incarcérées seules et isolées des autres prisonnières basques. Cinq prisonnières politiques basques sont en prison avec leurs enfants de moins de trois ans (4 à Valencia et 1 à Aranjuez). Huit autres femmes ont des enfants de moins de 18 ans à l’extérieur de la prison. Parmi les prisonniers basques, 68 sont parents de mineurs, en tout plus d’une centaine d’enfants.

• Depuis le débat du Collectif des Prisonniers Politiques Basques et la présentation de ses conclusions, les prisonniers de l’État espagnol ont commencé à déposer des recours contre leur placement systématique et permanent au régime du 1er degré. Après le refus d’accès au 2ème degré par la Commission de Traitement de la prison (avec révision tous les six mois), sur les 59 cas qui sont arrivés au Tribunal de Vigilance Pénitentiaire, seules trois demandes ont été acceptées contre 56 rejetées. 95 % des recours sont donc refusés par le tribunal. Le Tribunal de Vigilance Pénitentiaire a encore 53 autres demandes à examiner. Les passages du 1er au 2ème degré au accordés directement par la Commission de Traitement se limitent à 16 cas, et correspondent aux récentes annonces de transfert vers des prisons plus rapprochées.

• Actuellement, sur 210 prisonniers basques incarcérés dans l’État espagnol, 30 sont classifiés au 2ème degré et 180 au 1er.

264 prisonniers du Collectif des Prisonniers Politiques Basques (18-01-2019) :

• 261 prisonniers politiques basques dispersés dans 55 prisons :

• 4 prisonniers politiques basques dans des prisons du Pays Basque
• 210 prisonniers politiques basques dispersés dans 42 prisons de l’État espagnol
• 46 prisonniers politiques basques dispersés dans 11 prisons de l’État français
• 1 prisonnier politique basque au Portugal
• 2 prisonniers politiques basques sous le régime atténué en raison de leur grave maladie
• 1 prisonnier politique basque sous contrôle télématique au Pays Basque nord

ÉTAT ESPAGNOL : 210 prisonniers politiques basques

• 136 prisonniers politiques basques se trouvent dans des prisons situées à des distances comprises entre 1.100 et 600 km = 64,50%
• 55 prisonniers politiques basques se trouvent dans des prisons situées à des distances comprises entre 590 et 400 km = 26,50%
• 19 prisonniers politiques basques se trouvent dans des prisons situées à moins de 400 km = 9%

ÉTAT FRANÇAIS : 46 prisonniers politiques basques

• 16 prisonniers politiques basques se trouvent dans des prisons situées à des distances comprises entre 1.100 et 750 km = 35 %
• 3 prisonniers politiques basques se trouvent dans des prisons situées à des distances comprises entre 590 et 400 km = 6 %
• 27 prisonniers politiques basques se trouvent dans des prisons situées à moins de 400 km = 59 %

Dans l’État français, durant les six premiers mois de 2018, 25 prisonniers basques ont été rapprochés dans les prisons de Mont-de-Marsan et Lannemezan. 41 % des prisonniers basques se trouvent encore dans des prisons situées à des distances comprises entre 400 et 1.100 kilomètres de chez eux.

D’autres questions restent non résolues, parmi lesquelles le regroupement des 10 prisonnières basques à la prison de Rennes (800 km), l’État français ne disposant d’aucun établissement pour femmes condamnées dans le sud-ouest de son territoire.

Les tribunaux français continuent de refuser toutes les demandes de libération conditionnelle, parmi lesquelles celles de Jakes Esnal, Ion Parot et Xistor Haranburu qui sont incarcérés depuis plus de 28 ans, et qui remplissent depuis plusieurs années tous les critères exigés par la loi.

Deux des prisonniers figurant dans la liste publique de ceux qui sont gravement malades se trouvent dans l’État français, à la prison de Lannemezan.

Durant la même période, tous les prisonniers remis par l’État français à l’État espagnol ont été systématiquement dispersés et éloignés à Puerto, Algeciras, Murcia, Castelló, Brieva...

Pour notre part, et malgré cette accumulation de souffrance, nous réitérons notre détermination et notre engagement à faire d’autres pas dans le chemin de la résolution, de la paix et de la réconciliation.

NOUS LES VOULONS VIVANTS ET À LA MAISON ! STOP DISPERSION !