ETXERAT (15-04-2020). En ce qui concerne les prisonnier.es politiques basques, la seule mesure forte et systématique prise par les administrations pénitentiaires espagnole et française pour éviter la propagation de la pandémie dans les prisons a été la coupure totale de toutes les formes de visites.

Etxerat dénonce le manque d’alternatives à cette mesure. Sur la base des éléments que nous avons pu réunir ces dernières semaines par le biais des familles, soit concernant un total de 55 prisons, 9 modules de femmes et 2 modules mère-enfant dans les États espagnol et français, nous pouvons affirmer que les mesures adoptées pour le maintien du lien avec les proches sont totalement insuffisantes.

Dans l’État espagnol, les prisonniers ont la possibilité de réaliser des appels vidéo avec leurs familles. Très peu d’entre eux en ont été informés directement. Pour le moment, des prisonniers basques ont pu réaliser des appels vidéo de 10 à 15 minutes de durée, par le biais de WhatsApp, depuis les prisons d’Almeria, de Cáceres, Castelló femmes, Granada (pour les situations exceptionnelles comme le décès d’un proche), Herrera, Jaén, Logroño femmes (autorisé mais pas encore réalisé), Murcia I (autorisé de façon bimensuelle), Ocaña, Puerto III, Teruel, Villabona (hommes et situations exceptionnelles), Villena et Zaballa. Dans l’État français, aucun système d’appel vidéo n’a été mis en place.

D’autre part, dans l’État espagnol, à leur connaissance, aucune réduction de tarif n’a été accordée aux prisonniers malgré l’augmentation du nombre d’appels dans cette situation d’urgence et l’impossibilité de communiquer d’une autre façon. Rien de tel n’est prévu. Une réduction a été accordée aux prisonniers de l’État français, mais elle est loin d’être suffisante. Quant au courrier, même s’il faut tenir compte des limitations de l’activité de Correos et de la Poste, il n’est plus distribué dans près de 20 prisons. Nous signalons des problèmes particulièrement importants, tant au niveau des appels téléphoniques que du courrier, à la prison parisienne de la Santé.

Il existe pourtant des moyens matériels pour que toute la population carcérale puisse accéder aux appels vidéo qui, de plus, ne génèrent aucun frais. Il ne manque que la volonté et la mise en place de certains critères raisonnables et clairs de fonctionnement, ce qui est faisable puisque la vie interne des prisons est réduite au minimum après la suppression des visites, des ateliers et des activités dans les dépendances communes.

En ces temps d’incertitude et d’angoisse, plus intenses encore pour les personnes privées de liberté, et conscients que la priorité doit aller aux personnes malades (prisonniers ou parents) et aux prisonniers qui n’ont aucune ressource financière, pourquoi refuser, s’il est possible de le faire, que la personne prisonnière puisse communiquer visuellement avec sa famille ? Il est facile d’imaginer la différence entre un appel téléphonique un appel vidéo, surtout dans le cas d’appel à des enfants, à des parents âgés, à des personnes qui ont des problèmes psychologiques, à celles dont le moral est au plus bas ou à des personnes qui ne sont pas gravement malades, mais qui souffrent de pathologies chroniques.

Nous les voulons vivant.e.s et à la maison !