Etxerat a donné une conférence de presse ce matin à Hernani sur l’immobilisation violente par la Guardia Civil d’une fourgonnette de familles qui se rendait à la prison de Cordoba ce week-end.

 

Etxerat

 

ETXERAT. Samedi dernier 10 septembre à 4 h du matin, deux voitures banalisées de la Guardia Civil ont coupé la route et fait stopper la fourgonnette dans laquelle voyageaient les familles de prisonniers politiques basques incarcérés à Cordoba pour se rendre à la visite, l’obligeant à s’arrêter au bord de l’autoroute. Les 6 occupants de la fourgonnette ont vu venir quatre agents courant vers eux et les braquant avec leurs pistolets. Apparemment très nerveux, les agents ont ouvert les portes et pointé une arme sur la tête du chauffeur qu’ils ont obligé à sortir et à s’allonger sur le sol. Ils ont procédé de la même façon avec son copilote, un autre chauffeur volontaire, qu’ils ont en plus menotté dans le dos, pendant qu’un agent s’appuyait sur lui, l’écrasant contre l’asphalte. Tout en criant qu’il s’agissait d’une opération anti-terroriste, ils ont maintenu les deux membres du collectif de chauffeurs bénévoles Mirentxin immobilisés au sol, et, en les braquant également de leurs armes, ils ont obligé les familles à sortir du véhicule.

Ces moments ont été très durs en raison de l’agressivité, de l’attitude d’excitation et d’énervement extrêmes des agents qui leur ont fait croire que, à tout moment, ils pouvaient mettre fin à leurs vies, comme vont le raconter ici les personnes qui ont vécu cette situation.

Peu de temps après, les gardes civils leur ont dit qu’il s’agissait d’une erreur et sont partis. Ils n’avaient pourtant contrôlé ni le véhicule, ni l’identité des personnes présentes.

Il restait alors encore deux heures de route aux familles pour arriver à Cordoba, deux heures avec les nerfs en pelote, augmentant encore le risque d’accident déjà existant. Il restait aussi 10 autre heures de retour, avec la fatigue et la tension accumulées.

Témoignage de Xabier Berra, l’un des chauffeurs présents lors de cet incident – non retranscrit

S’agissait-il d’une erreur? Nous sommes trop habitués, lors des voyages vers les prisons, aux contrôles soi-disant inopinés ou aléatoires, lors desquels nous sommes toujours ceux qui sont stoppés et contrôlés, aux filatures et aux faits de harcèlement pour ne pas voir dans ces évènements autre chose qu’une simple erreur. Ce n’est pas la première fois que, durant ces trajets imposés, nos vies sont mises en danger. Ils nous ont fait sortir de la route, ils nous ont poursuivis, ils nous ont agressés... et aucun de ces faits n’a reçu d’autre réponse de la part des autorités judiciaires que le classement sans suite. Ce que nous voyons dans ces épisodes, c’est la volonté d’ajouter de la peur, de la tension, une usure psychique, à des voyages déjà difficiles ; la volonté de les rendre encore plus durs. Nous voyons un autre des multiples visages de la dispersion.

Etxerat souhaite exprimer sa plus profonde solidarité aux deux chauffeurs de Mirentxin qui ont subi si directement la violence de ce soi-disant contrôle et sa reconnaissance pour le travail qu’ils effectuent tout au long de l’année pour alléger la charge de la dispersion. Et nous sommes convaincus que c’est ce travail solidaire et le soutien qu’ils apportent aux familles chaque fin de semaine au volant de leurs fourgonnettes qui est à l’origine de ce nouvel épisode.

Tant que les médias continueront de passer sous silence la réalité que nous vivons, la politique de dispersion sera bien protégée. Il est indispensable que la société en connaisse les multiples visages, les implications et les conséquences. Il est indispensable que les forces politiques, syndicales et sociales prennent conscience de notre situation et agissent en conséquence. Nous avons besoin de leur engagement actif pour désactiver la dispersion. Et nous avons besoin de pas réels vers la fin de l’impunité et des attaques arbitraires de la politique pénitentiaire actuelle.