Texte de la conférence de presse donnée par Etxerat à Bayonne ce mercredi matin 2 août :

ETXERAT. Nous avions prévu cette conférence de presse pour appeler, comme chaque année, à des rassemblements sur différentes plages d’Euskal Herria. Nous les organisons pour faire connaître notre situation aux touristes venus d’ailleurs et exiger la fin des mesures d’exception qui constituent la politique pénitentiaire appliquée aux prisonniers politiques basques.

Comme souvent, l’actualité nous a précédés de la façon la plus cruelle, et nous avons appris lundi la mort en prison du prisonnier politique basque Kepa del Hoyo.
Comme hier à Loiola, nous souhaitons exprimer notre douleur et faire parvenir nos plus sincères condoléances et notre entière solidarité à la famille et aux amis de Kepa.

La responsabilité de la mort de Kepa del Hoyo repose entièrement sur la politique pénitentiaire d’exception maintenue par les États espagnols et français, ensemble de mesures basées sur une soif de vengeance et qui ont mené à la mort ce prisonnier de Galdakao.

Nous voulions, comme nous le faisons depuis des années, appeler à venir dénoncer les lourdes conséquences de ces mesures. La dispersion, qui en est l’un des piliers, dure depuis près de 30 ans. Une anomalie, dont nous ne pouvons accepter qu’elle devienne la norme. Parce qu’elle a de graves conséquences sur des centaines de familles, des milliers de personnes.

Depuis près de 30 ans, donc, nous mettons nos vies en jeu dans des voyages que nous faisons contre notre volonté.

Les week-ends faits de trajets interminables se succèdent, mettant en péril notre santé physique et mentale ainsi que notre situation financière.

Nous voyons nos parents âgés, exténués et malades, faire des milliers d’heures de voyage et des milliers de kilomètres dans les sièges d’une voiture ou d’un bus.

Nous voyons les plus jeunes d’entre nous, tendus et fatigués, perdre de longues heures de repos, de jeu ou d’études, de longues heures d’enfance, pour la même raison.

Nous voyons les 16 hommes et femmes qui ont laissé leur vie dans les accidents de la dispersion.

Et nous voyons, impuissants, à mesure que notre santé se dégrade, celle de nos parents et amis emprisonnés de détériorer à grande vitesse, sans possibilité de se soigner correctement.

Nous atteignons à nouveau ces jours-ci des extrêmes dans la cruauté. La famille de Kepa a dû se rendre à Badajoz, à 750 km de distance, pour récupérer et rapatrier son corps, après 20 ans d’incarcération et 20 ans de voyages interminables pour lui rendre visite quand il était en vie. 

La société basque demande la fin de la dispersion et de l’éloignement. Dans ce sens, le changement qui a eu lieu ces derniers temps est évident, et particulièrement dans l’État français. Ainsi, il y a quelques semaines, une délégation composée d’acteurs politiques et sociaux très divers, parmi lesquels Bagoaz et Etxerat, s’est rendue à Paris. Considérant la libération immédiate des prisonniers gravement malades et la fin de l’éloignement comme des pas indispensables pour avancer dans le processus de paix, cette délégation plurielle y a amené la voix de la société basque.

Elle y a exprimé clairement la volonté de la société civile de mener le processus de paix à son terme, soulignant la nécessité de l’implication des autorités françaises sur la question des prisonniers basques. Dans le contexte de la mobilisation qui est en train d’être organisée pour cet automne, notamment les marches vers les prisons françaises et le rassemblement qui aura lieu à Paris en décembre, la question des prisonniers basques est désormais inscrite en lettres majuscules dans l’agenda des autorités françaises.

Nous le répétons ici : la société basque ne peut accepter de perdre qui que ce soit d’autre en chemin, la feuille de route qui donnera une solution à la question des prisonniers et des exilés est une urgence absolue. Il est temps de tout mettre en œuvre pour faire les pas nécessaires. Pour cela, nous le savons, la mobilisation est indispensable, et nous appelons tous les citoyens du Pays Basque, tous ceux de l’État français, tous les acteurs politiques, sociaux et syndicaux à venir aux rendez-vous qui seront donnés dans les jours et les semaines qui viennent.

Parmi eux : dimanche prochain 6 août sur les plages du Pays Basque. Rendez-vous est donné aux citoyens et acteurs d’Iparralde sur celle d’Hendaye à midi.

Parce que nous avons besoin d’eux vivants et à la maison!

STOP DISPERSION!

 

Etxerat