Texte de la conférence de presse donnée ce matin par Etxerat devant un atelier de réparation de Donostia - San Sebastian


Bonjour à tous.

Nous avons organisé cette conférence de presse dans un lieu différent : devant un atelier de réparation de carrosseries. Pourquoi? Parce c'est ici que se trouve la fourgonnette des Mirentxin (association de chauffeurs volontaires) qui se rendait samedi dernier à la prison de Villena en Alicante. Cette fourgonnette a subi un accident provoqué par la politique de dispersion, un de plus, le huitième depuis le début de l'année 2014. 6 personnes s'y trouvaient, qui n'ont heureusement pas été blessées. Six citoyens basques qui, de nouveau, ont eu un accident qui n'est en aucune façon dû au hasard.

Ce qui est arrivé à cette fourgonnette est une triste métaphore de la réalité que nous sommes obligés de subir. Après avoir parcouru la presque totalité des 700 km qui séparent Euskal Herria de la prison de Villena, très tôt le matin et alors qu'ils étaient sur le point d'arriver à la prison, ils heurté un mur. Les maudits voyages du vendredi! Avec toute la fatigue de la semaine accumulée, les fourgonnettes conduites par les chauffeurs volontaires de Mirentxin se dirigent vers les prisons. Fourgonnettes, voitures, avions, trains… toutes les façons de rendre visite à nos êtres chers qui sont loin sont utilisées. Le voyage doit être fait de nuit car les visites ont lieu le matin. Longs voyages jusqu'au petit matin, nuits de stress, longs kilomètres… et même les contrôles réservés aux familles. Toujours plus de tension. Dans ce cas précis, 700 kilomètres aller, 700 kilomètres retour. Mais il y en a 1200 d'aller et autant de retour pour d'autres prisons comme Clairvaux, Puerto III ou Bapaume. Des heures et des heures de voyage dans cette roulette russe de la violation des droits à laquelle ils ne veulent pas mettre fin.

L'accident s'est produit le samedi 19 juillet. Le 200ème jour de cette année 2014. C'est le huitième. Un accident provoqué par la dispersion tous les 25 jours. Et ce alors que la politique de dispersion dure depuis 25 ans. Une mesure politique de vengeance contre les prisonniers politiques et leurs familles qui a déjà provoqué 16 morts et des centaines de blessés. 8 accidents en seulement 7 mois. Plus de 25 personnes ont été blessées cette année dans des accidents provoqués par la dispersion.

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25 années de dispersion. Triste anniversaire de douleur et de souffrance. En chemin vers Murcia, Castelló, Topas (deux fois), Badajoz et Villabona. En plus de celui-ci.

En plus de cela, nos parents et amis emprisonnés sont de plus en plus éloignés. Il y a un total de 472 prisonniers politiques basques. 196 d'entre eux sont emprisonnés à des distances comprises entre 800 et 1.100 km d'Euskal Herria. Ce qui suppose des voyages entre 2.200 et 1.600 km. 5 d'entre eux se trouvent dans des prisons d'Euskal Herria. 196 contre 5. La photo de la dispersion est nette et cruelle.

Nous avons fait l'objet de beaucoup de gros titres ces dernières semaines. Oui, deux prisonniers ont été amenés à Mont-de-Marsan. Mais deux autres ont été transférés dans le nord de la France à Bapaume. Deux autres de Madrid à Jaén. Et trois autres près de la méditerranée à Tarascon.

Pendant ce temps, nous avons vu grandir les intérêts politiques. Au-delà de la défense des droits humains; pour des intérêts politiques partisans. Le minimum à exiger de la classe politique est la défense des droits essentiels. Des paroles, des paroles… et aucun acte concret. Nous exigeons d'eux moins de paroles et plus d'actes avant le neuvième accident. Ça suffit!

Nous sommes des milliers à avoir subi et à subir encore la dispersion. Cette mesure n'a généré que de la souffrance, en plus de supposer une double violation des droits. Ceux du prisonnier qui sont piétinés : isolés, frappés, éloignés, privés d'assistance médicale… Leurs droits sont effacés, et certains continuent de le justifier.

Et nous les familles sommes punies également… pour le délit d'être des familles. Un châtiment physique, psychologique et économique. Un châtiment qui nous oblige à parcourir 1.400 km en moyenne chaque semaine.

La société basque a exprimé à de très nombreuses reprises sa volonté de voir enfin la fin de la dispersion et le début du respect des droits. Nous exigeons des responsables de la dispersion qu'ils y mettent un terme immédiatement. Nous devons en finir avec cette mesure criminelle le plus vite possible.


Pour finir, nous tenons à remercier chaleureusement les chauffeurs volontaires de Mirentxin.