Etxerat

ETXERAT. Nous nous sommes réunis mardi dernier 31 octobre sur la Plaza Nueva de Bilbao à l’appel du Forum Social Permanent. Nous sommes des représentants de diverses organisations de la société civile, parmi lesquelles Etxerat, et des citoyens à titre individuel, aux trajectoires et sensibilités différentes.

Nous faisons cette déclaration dans l’intention d’appuyer une initiative qui nous paraît extrêmement importante : la manifestation organisée par les Artisans de la Paix à Paris le 9 décembre prochain. Elle a un slogan très concret : « Orain Presoak ». « Maintenant les prisonnier-e-s ».

Une petite phrase au très grand contenu. Orain. Maintenant. Oui, maintenant, six ans après Aiete et presque huit mois après le désarmement, il est temps d’affronter une fois pour toutes la situation des prisonnier-e-s basques, qui sont maintenu-e-s sous le joug d’une législation d’exception qui n’a plus lieu d’être au vu des événements de ces dernières années.

C’est un « maintenant » chargé de passé et d’avenir. Avec la détermination d’un autre maintenant, celui du 8 avril, ce qui semblait inamovible a été débloqué. La plupart des personnes présentes ici y étaient, de même que d’autres qui n’ont pas pu se joindre à nous aujourd’hui, au côté de milliers de citoyens, protégeant le travail des Artisans de la Paix. Un travail discret, tenace, courageux, qui a généré une vague citoyenne et ouvert un nouveau modèle de réussite pour la résolution des conflits : la triangulation entre les institutions basques, navarraises et celle d’Iparralde, la société et la communauté internationale. Nous souhaitons saluer et rendre hommage au travail des Artisans.

Leur travail ne s’est pas terminé le 8 avril. Ils ont continué, s’emparant de la question pénitentiaire dans l’État français. Nous avons justement reçu il y a quelques jours la nouvelle que ces efforts sont en train de porter leurs fruits : la création d’un espace de travail avec le Ministère de la Justice français pour aborder la situation des personnes basques prisonnières dans cet État a été reconnue publiquement. Nous applaudissons de tout cœur le chemin ouvert, qui va sans aucun doute faire bouger les premières briques du grand mur de l’exceptionnalité pénitentiaire.

Pour cette raison, nous affirmons que la manifestation du 9 décembre à Paris n’est pas une manifestation de plus. C’est une initiative, liée à d’autres, qui peut faire évoluer la politique pénitentiaire de l’État français. C’est un deuxième Luhuso, cette fois pour les personnes prisonnières. Comme le premier, qui a mené au désarmement, celui-ci a besoin de l’impulsion et de l’appui de notre société. Et nous sommes certains que les décisions qui vont être prises à Paris, ainsi que la manifestation elle-même, auront leur effet à Madrid. Ce « maintenant » doit résonner à Paris et avoir un écho à Madrid.

Comme le signalait le Forum Social lors du 6ème anniversaire d’Aiete, nous n’avons pas les clés des prisons. Mais nous avons quelques éléments qui peuvent commencer à les faire tourner. Le Forum Social Permanent travaille à l’obtention d’un large accord institutionnel dans notre pays, qui, avec la participation des personnes prisonnières et l’impulsion de la société, devra contribuer à créer un courant d’opinion dans l’État espagnol favorable à l’assouplissement de la politique pénitentiaire. En Iparralde, la voie ouverte parcourt les différentes étapes, sans répit.

L’appel à cette manifestation a déjà reçu le soutien d’une très large partie de la société du Pays Basque nord : elle a obtenu son implication et son engagement. C’est ce que nous souhaitons allumer ici aujourd’hui : les organisations et personnes individuelles présentes ici ne devons pas être les seules à soutenir cette initiative, cet appui doit s’étendre à d’autres collectifs, secteurs et personnes de notre pays.

Il doit être porté par des milliers de personnes aux idéologies différentes, aux réalités différentes, mais qui désirent toutes arriver au terminus de ce voyage pour une société en paix sans personnes prisonnières, déportées ou en fuite. Une société capable de résoudre et de soigner les multiples et différentes souffrances vécues jusqu’ici. Une société qui offre respect et réparation aux victimes de toutes les formes de violence.

Tout ceci est inclus dans l’appel de Paris, ce qui en fait plus qu’une manifestation. C’est un « maintenant » clé dans une séquence novatrice vers la résolution de questions cruciales encore en suspens.

Par conséquent, nous réitérons aujourd’hui l’appel aux acteurs politiques, syndicaux et sociaux de notre pays et aux citoyens en général, pour qu’ils s’impliquent et agissent comme porte-parole dans chaque village, dans chaque quartier, dans chaque usine, dans chaque université, ajoutant de plus en plus de voix pour transmettre ce message de soutien à l’initiative des Artisans de la Paix, encourageant à participer à la manifestation qui aura lieu le 9 décembre au cœur de Paris dans l’objectif de faire un pas décisif vers la paix définitive sans prisonnier basque dans l’État français. Parce qu’il ne fait pas le moindre doute que cette victoire portera ses fruits également ici, dans la Communauté Autonome Basque et en Navarre.

Orain presoak ! Maintenant les prisonnier-e-s !

Etxerat