Etxerat

ETXERAT. Nous avons appris hier soir le décès du prisonnier politique navarrais Xabier Rey. Nous souhaitons exprimer notre douleur face à cette terrible nouvelle et envoyer nos condoléances et notre entière solidarité à la famille et aux amis de Xabier.

La mort de Xabier aurait pu être évitée. Ils auraient pu éviter ce nouveau décès. Cela fait déjà plus de six ans que l’organisation ETA a annoncé la fin définitive de son action armée et un an qu’elle a procédé à son désarmement, mais les familles et amis de prisonniers et exilés politiques basques, de même que les prisonniers eux-mêmes, ne peuvent toujours pas parler au passé de la souffrance, ni de la douleur que provoquent les mesures d’exception qui forment la politique pénitentiaire spéciale appliquée aux prisonniers politiques.

La responsabilité de la mort de Xabier Rey revient entièrement à la politique pénitentiaire dévastatrice d’exception à laquelle l’État espagnol s’accroche encore. Le fait de maintenir la quasi-totalité des prisonniers politiques basques au premier degré, sous régime fermé, de façon collective, n’est-il pas d’une extrême cruauté ?

L’application systématique du premier degré empêche toute avancée de la voie pénitentiaire individualisée, mais suppose aussi de graves restrictions pour mener à bien tous types d’activités ou pouvoir accéder à une vie digne au sein de la prison. Le premier degré empêche d’accéder à des activités programmées ou à des installations du centre pénitentiaire, comme le gymnase ou la bibliothèque, de même que les sorties en cour de promenade durent quatre heures par jour et que les repas sont pris dans la cellule.

Ce sont ces mesures, entièrement fondées sur la soif de vengeance de l’État espagnol, qui ont conduit à la mort de ce prisonnier navarrais. Xabier Rey faisait partie du collectif des prisonniers basques qui purgent de très longues peines dans des prisons éloignées et qui subissent, en conséquence, une importante détérioration de leur santé physique et psychique.

L’obligation faite à la famille et aux amis de Xabier Rey de parcourir les 1.050 km jusqu’à Puerto de Santa Maria pour récupérer et rapatrier son corps, après 10 ans d’incarcération et par conséquent autant d’années de voyages interminables pour pouvoir lui rendre visite quand il était vivant, n’est-elle pas également cruelle jusqu’à l’extrême ?

Ce même éloignement qui entraîne, dans des cas comme celui-ci, un châtiment supplémentaire pour les familles et amis, celui de subir la douleur et l’angoisse permanentes et la difficulté à réaliser toutes les démarches nécessaires pour pouvoir rentrer dans leur village avec leur être cher.

La violence des mesures d’exception continue de provoquer des situations dramatiques comme la mort de Xabier Rey. Malgré le risque élevé de nous trouver face à de nouveaux cas de décès dans le contexte du processus de paix et de la résolution du conflit toujours en cours, l’État espagnol s’acharne à ne pas accorder les changements nécessaires dans sa politique pénitentiaire.

Nous l’avions dit l’été dernier après la mort de Kepa del Hoyo : nous ne pouvons pas attendre plus longtemps. Cette mort aurait pu être évitée. Ils auraient pu l’empêcher. Nous savons que la société basque est sur le bon chemin pour, avec les institutions d’Euskal Herria et les acteurs politiques, syndicaux et sociaux, faire face à une solution définitive sur la question des prisonniers dans des délais raisonnables et réalisables.

Nous demandons engagement, détermination et courage pour affronter ce défi une fois pour toutes, car la société basque ne peut se permettre de perdre qui que ce soit d’autre en chemin.

STOP À LA POLITIQUE PÉNITENTIAIRE D’EXCEPTION !

NOUS LES VOULONS VIVANTS ET À LA MAISON !