ETXERAT (06-06-2019). Les 47 personnes mises en examen par les autorités espagnoles dans le macro-dossier 11/13, parmi lesquelles des membres d’Etxerat, de Jaiki Hadi, d’Herrira et des avocats, ont fait dans une conférence de presse le samedi 1er juin la déclaration suivante :

Le 16 septembre, un nouveau procès commencera à l’Audience Nationale espagnole, un de plus, contre 47 citoyen.ne.s basques. 5 et 6 ans ont passé depuis notre arrestation, certain.e.s d’entre nous ont été incarcéré.e.s et nous avons tous.tes été mis.es en examen. Nous faisons maintenant face à une demande du procureur de 601 années de prison.

La question est la suivante : qu’avons-nous fait pour mériter de telles réquisitions ?

-Pris soin de la santé des prisonnier.e.s et des exilé.e.s. Nous avons organisé pour cela un réseau de professionnels de la Médecine et de la Psychologie ; réalisé un suivi direct des prisonnier.e.s et exilé.e.s souffrant de graves problèmes de santé et fait connaître ces situations à la société.

-Organisé des mobilisations pour le respect des droits des prisonnier.e.s politiques basques. Pour cela, nous avons créé des contacts avec de larges secteurs de la société, nous nous sommes réuni.e.s avec des acteurs politiques de tous les bords et nos revendications ont reçu un large soutien social.

-Nous avons réalisé la défense juridique des personnes prisonnières et exilées, aussi bien dans les tribunaux que dans les prisons elles-mêmes. Nous avons organisé un large réseau de juristes et de professionnels du Droit pour dénoncer dans toutes les instances la législation d’exception qui leur est appliquée, depuis les tribunaux de l’État espagnol jusqu’à la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

-Nous nous sommes organisés pour tenter d’alléger la charge de la peine ajoutée imposée aux familles. Nous avons développé l’entraide, particulièrement contre l’injuste politique de dispersion.

-Nous avons réalisé un travail de médiation entre les prisonnier.e.s et les exilé.e.s des différents secteurs de la société, afin qu’ils et elles puissent rester connecté.e.s avec la réalité politique de chaque moment, pouvoir apporter leur contribution et recevoir de la même façon celles des différents acteurs politiques.

Voici ce qu’a été notre travail. Nous avons agi en adéquation avec nos principes politiques et éthiques, et nous sommes satisfaits du travail réalisé. Faire partie de ce réseau de solidarité nous a enrichi.e.s et sa valeur nous a aidé.e.s à mieux comprendre d’autres situations injustes qui existent autour de nous. Cela a été positif, mais également douloureux.

Ce réseau de solidarité a été rendu possible grâce à des milliers de personnes, et pour un grand nombre d’entre elles, cet engagement a eu de graves conséquences personnelles. Chaque époque avec différentes caractéristiques, mais la solidarité est le lien qui nous unit.

Cette longue procédure judiciaire a conditionné et conditionne encore nos vies et celle de notre entourage. La vie des personnes que nous aimons et qui nous aiment. Nous vivons sous la menace de l’incarcération, nos proches sous la menace de notre absence, de la dispersion et d’avoir un être cher en prison. Nous devons souligner que nous avons 38 enfants à notre charge, et que leur développement affectif et émotionnel serait fortement affecté par notre incarcération. La situation est donc dure, nous n’allons pas le nier.

Tout ce travail a été réalisé dans le contexte d’une nouvelle époque ; un nouveau cycle dans lequel commençaient à s’ouvrir des voies pour la résolution du conflit ; et, dans cette logique, nous avons consacré tous nos efforts et tout notre espoir à la résolution de la question des prisonnier.e.s et des exilé.e.s. Pour cela, ils nous ont frappé.e.s avec des opérations policières conçues dans les cloaques de l’État. Aujourd’hui nous réitérons notre engagement dans ce travail et nous défendons les mêmes revendications.

Ces dernières années, des pas importants ont été faits dans le but d’atténuer et de surmonter les conséquences du conflit au Pays Basque. La reconnaissance des différentes souffrances et l’empathie ont été nécessaires pour pouvoir les accomplir. Nous devons souligner l’effort réalisé pour se regarder et se sentir mutuellement reconnu.e.s par tant de personnes qui ont subi directement les conséquences du conflit.

Nous avons reçu de très nombreux gestes de solidarité, dans nos familles et dans les communautés dont nous faisons partie. Chaque expression de solidarité nous aide à faire face à ce qui nous attend. Tout notre amour et notre reconnaissance à toutes les personnes qui sont près de nous et qui nous accompagnent.

Ainsi, nous appelons toutes les personnes qui ressentent indignation et colère face à ce macro-procès et qui nous ont fait part de leur soutien de leur solidarité à venir participer à une grande manifestation dans les rues de Bilbao le 14 septembre, veille du début du procès. Nous voulons répondre à ce procès avec les gens et dans la rue. Pour que cette manifestation reçoive le plus grand soutien possible, nous sommes en train d’élaborer un manifeste qui pourra être signé par des personnes de différents domaines. Nous donnerons plus d’informations à ce sujet dans les semaines qui viennent.

Etxerat