ETXERATNous célébrons aujourd’hui à Tolosa la 17e Assemblée Générale nationale d’Etxerat. Nous voulons d’abord transmettre une certaine espérance parce que, malgré tout, nous avançons. Durant l’année écoulée depuis le rendez-vous de Leioa, se sont produits des faits et des signes qui alimentent notre travail et que nous considérons comme des avancées, s’ils sont observés dans leur ensemble, dans le chemin de la fin de la politique pénitentiaire d’exception, de l’éloignement et du maintien en prison des prisonniers malades.

Mais nous n’allons pas mentir. La position du gouvernement espagnol et des secteurs partisans de la dispersion et de l’éloignement nous fait peur. Les interventions déchaînées face à la seule impression que la souffrance de nos parents et amis incarcérés et la nôtre puisse un peu diminuer sont effrayantes. Et le fait que dans aucune d’entre elles, le mot paix ne soit prononcé, est étrange et démoralisant. Bien au contraire, les politiques pénitentiaires d’exception sont toujours pleinement actives dans l’État espagnol, avec toutes leurs conséquences. Le tragique bilan de l’année écoulée mentionne 11 accidents pour les familles (9 en 2017 et 2 depuis le début de cette année), avec des dizaines de blessés causés par l’éloignement; le maintien en prison de 22 de nos proches atteints de maladies graves; et la mort de trois prisonniers politiques basques dans un délai de huit mois.

Ainsi, la responsabilité de la mort récente de Xabier Rey à Puerto III revient entièrement à la politique pénitentiaire destructrice que maintient l’État espagnol. Xabier faisait partie de ces prisonniers basques qui acciomplissent de très longues peines dans des prisons éloignées, objets de mesures d’exception qui les maintiennent sous le régime le plus dur et qui subissent, en conséquence, une usure importante de leur santé physique et psychique, aux séquelles irréversibles.

Il faut aussi dire clairement que l’application systématique du premier degré à 95 % des prisonniers politiques basques empêche toute avancée de la voie pénitentiaire individualisée et suppose de graves restrictions à un régime déjà fortement limité, cela pour un temps indéfini, qui dure en général tout le long de la condamnation. 

Malgré ce douloureux bilan, nous avançons. La société civile et les acteurs politiques et sociaux ont fait des pas importants en Ipar Euskal Herria. Il faut souligner le rôle décisif des Artisans de la Paix dans le désarmement d’ETA, ou le travail développé par la délégation de représentants institutionnels et d’acteurs sociaux pour une humanisation de la politique pénitentiaire. Nous pouvons constater aussi en Hego Euskal Herria, une implication institutionnelle, politique, syndicale et sociale croissante. La connaissance et la prise de conscience quant aux conséquences de la politique pénitentiaire d’exception est aussi en train de se développer. Tout au long de cette dernière année, de nombreuses motions et résolutions ont été adoptées dans les Parlements, dans les Mairies et dans les commissions d’élus; la totalité des forces syndicales a exigé la libération des prisonniers malades. Dans une situation encore inédite, ces acteurs et institutions représentent la volonté majoritaire de la société basque.

Le Forum Social auquel Etxerat participe activement est déjà, de fait, la voie centrale empruntée par une grande majorité de la société du sud du Pays Basque, vers une paix juste et véritable et une résolution avec garantie de non répétition. C’est dans ce cadre qu’Etxerat cherche à situer, dans l’agenda politique et social, la nécessité urgente d’apporter le plus vite possible une solution à la réalité que vivent nos parents et amis en exil ou en déportation.

Cette année est celle où la politique pénitentiaire de vengeance des États espagnols et français a été mise en lumière au niveau européen. Le rapport élaboré par la députée européenne Joëlle Bergeron, qui condamne spécifiquement la politique pénitentiaire d’éloignement «car elle constitue un châtiment ajouté pour les familles», a reçu un appui majoritaire au Parlement. Le rapport annuel de la Contrôleure Générale des prisons de l’État français a également refusé l’éloignement systématique des prisonniers basques. Enfin, fruit du travail réalisé par Etxerat en Europe, entre autres avancées, des députés européens ont entamé une série de visites aux prisonniers gravement malades pour dénoncer leur situation et exiger leur libération.

Après avoir pris connaissance des conclusions du débat du Collectif des Prisonniers Politiques Basques, qui établissaient qu’il était temps de vider les prisons, soulignant pour cela l’utilisation des voies légales, autrement dit l’utilisation de toutes les mesures juridiques possibles pour obtenir la sortie des prisonniers et leur retour à la maison, Etxerat a décidé de se charger directement, comme cela est établi dans nos statuts, de l’assistance juridique et sanitaire de nos parents prisonniers. En ce qui concerne l’assistance médicale, nous comptabilisons un total de 91 prisonniers souffrant d’au moins une pathologie, tandis que 22 sont atteints de maladies graves et incurables, parmi lesquels huit souhaitent garder l’anonymat.

Dans ce contexte, nous lançons un appel à la société basque pour affronter cet important effort financier, qui s’ajoute à la volonté d’alléger les nécessités dérivées de la dispersion et de l’éloignement. Et nous ne pouvons que remercier, pour leur engagement et leur détermination, les milliers de femmes et d’hommes engagés pour les droits.

Nous ne pouvons finir sans citer le moteur principal de cette avancée qui reste imparable, même si elle ne se produit pas à la vitesse ont nous avons besoin, car l’urgence est absolue: la société basque elle-même, en qui nous déposons toute notre confiance. Une société qui s’exprime majoritairement pour la défense des droits des prisonniers et de leurs familles et amis.

Pour notre part, nous continuerons à travailler pour faire connaître l’ampleur des dégâts que cause la politique pénitentiaire actuelle. Nous continuerons à donner le meilleur de nous-mêmes dans l’assistance et le soutien aux familles et personnes affectées par l’éloignement. Et nous continuerons à travailler tournés vers l’avenir, convaincus que la paix est possible et qu’y parvenir relève de notre responsabilité à toutes et à tous.

NOUS LES VOULONS VIVANTS ET À LA MAISON!

ETXEAN ETA BIZIRIK NAHI DITUGU!

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