ETXERAT (8-9-2019). Arrêté dans un hôpital public en France alors qu’il recevait un traitement d’urgence pour une maladie grave, la santé de Josu Urrutikoetxea n’a cessé de se dégrader suite à une série de manquements qu’il subit depuis son incarcération.

Selon les préconisations délivrées auprès du procureur par le médecin qui l’avait ausculté à l’hôpital de Sallanches le 16 mai 2019, Josu Urrutikoetxea aurait dû être opéré au plus tard sous 30 jours.

Lors de l’audience devant le juge des libertés le 17 mai 2019, l’état de santé de Josu Urrutikoetxea avait été au centre des débats. La décision du juge des libertés pointait alors que Josu Urrutikoetxea devait être opéré dans les plus brefs délais conformément à ceux indiqués par le corps médical afin que sa situation de santé puisse être compatible avec une mesure de privation de liberté.

Depuis, trois mois de détention se sont écoulés et nous sommes dans l’obligation de constater que l’administration pénitentiaire et les autorités judiciaires sont dans l’incapacité de garantir les soins élémentaires que doit recevoir Josu Urrutikoetxea.

Première négligence : le dossier médical de Josu Urrutikoetxea a été égaré entre le tribunal de Bonneville, lieu de sa première présentation judiciaire le 16 mai 2019, et le Tribunal de Paris. Les services médicaux du centre pénitentiaire de la Santé ont attendu plusieurs semaines avant de reconstituer partiellement son dossier.

Deuxième négligence : l’opération qu’il devait subir d’urgence a été annulée par deux fois.

Le 15 juillet, alors que les services hospitaliers se tenaient prêts pour cette première intervention chirurgicale, celle-ci a été annulée par les services judiciaires pour raisons de sécurité.

Puis, de nouveau le 29 juillet, en raison d’une nouvelle négligence de la part de l’administration pénitentiaire. En effet, cette dernière opération a dû être annulée alors que Josu Urrutikoetxea se trouvait déjà dans le bloc opératoire, les services de la prison de la Santé n’ayant pas respecté le protocole médical minimal consistant à administrer un traitement préventif antibiotique avant opération. Qui plus est, les médecins ont constaté, ce jour-là, que Josu Urrutikoetxea avait entre temps contracté une double infection.

C’est la sonde urinaire qui aurait dû être retirée deux mois et demi avant, et qu’il porte toujours depuis son arrestation, qui est responsable de ces deux dernières infections. Cette sonde ne pourra lui être retirée qu’au moment de l’intervention chirurgicale qu’il attend depuis le 16 mai.

Troisième négligence : souffrant de fièvre depuis de nombreux jours, il a dû attendre le 3 août pour être enfin appelé à l’infirmerie du centre pénitentiaire, puis le 5 août pour que deux antibiothérapies lui soient prodiguées afin de faire face à la double infection bactérienne (un staphylocoque et une deuxième bactérie qui n’a à ce jour toujours pas été identifiée).

Nous envoyons toute notre solidarité à la famille de Josu Urrutikoetxea et nous appelons les acteurs politiques, sociaux et syndicaux du Pays Basque et de l'État français à unir leurs forces pour mettre fin à une situation qui viole les droits les plus fondamentaux.

Nous considérons que rien ne peut justifier l'attitude des autorités pénitentiaires et judiciaires, dont les agissements sont en train de mettre en danger, consciemment et volontairement, la vie d'une personne qui est sous leur surveillance et leur responsabilité, ce qui provoque de la souffrance physique et morale tant à lui-même qu'à son entourage affectif et familial.

Etxerat en appelle au bon sens et à la responsabilité. Tous les efforts et le travail menés depuis des années par la société basque, ses acteurs politiques et sociaux et ses institutions, ont pour objectif de dépasser les vieux scénarios et les agissements basés sur le chantage et la vengeance.

Face à la répétition de ces négligences, nous demandons que la décision de la Cour d’Appel de Paris du mercredi 19 juin ordonnant la mise en liberté sous contrôle judiciaire de Josu Urrutikoetxea soit appliquée, pour qu’il puisse être à l’avenir convenablement traité et soigné dans un cadre médical adapté et respectueux des droits fondamentaux.