ETXERAT. Avant tout, nous souhaitons envoyer toute notre solidarité aux familles et amis des jeunes d’Altsasu.* Nous partageons avec eux les dures conséquences de l’éloignement des trois jeunes incarcérés. Nous partageons également une terrible inquiétude face à un dossier que nous ne pouvons appeler autrement que procédure d’exception.

L’existence, aujourd’hui encore, de situations comme celle que ces jeunes et leurs familles sont en train de subir, est aussi regrettable que consternante, à un moment où la société basque s’efforce d’avancer vers un scénario différent. Ce sont des situations que nous connaissons très bien, parce que même si les circonstances sont différentes, nous les vivons également. La paix nous demande des efforts continuels et nous oblige à surmonter continuellement de nouvelles difficultés. C’est dans ce cadre d’adversité que nous situons ce qui est arrivé à Altsasu et les conséquences démesurées de cet incident.

Notre engagement pour les droits essentiels, la résolution et la paix nous conduit à demander à la société basque, persévérant dans sa volonté de parvenir à une paix véritable et durable et de surmonter tous les obstacles qu’il faudra pour cela, de venir participer à la manifestation organisée par les familles des jeunes d’Altsasu le 14 avril à Iruña. Pour la justice et pour la responsabilité.

* Le 16 octobre 2016, lors des Férias d’Altsasu (Navarre), suite à une échauffourée entre jeunes du village et gardes civils alcoolisés en train de faire la fête dans le même bar, un jeune garde civil a eu la cheville fracturée. Sa plainte a donné lieu à l’arrestation de 7 personnes. 11 jeunes en tout ont été imputées dans ce dossier, dont deux mineurs. Suite à un recours de l’association des victimes du terrorisme Covite, les autorités judiciaires locales ont été dessaisies et l’Audience Nationale de Madrid a très fortement alourdi les charges, accusant ces jeunes de terrorisme et d’incitation à la haine.

Ces 7 personnes ont passé un mois en prison sans possibilité de caution, puis 4 ont été libérées. 3 jeunes sont toujours incarcérés aujourd’hui. Le cas des deux mineurs a été disjoint. En juillet dernier, de très lourdes peines ont été demandées contre les autres 8 mis en examen restants : 50 ans pour 6 d’entre eux, 62 ans pour un et 12 ans pour un autre. Leur procès commencera le 16 avril. Toute cette affaire a entraîné une mobilisation sans précédent, d’autant plus renforcée par la partialité du traitement médiatique dans l’État espagnol et l’immense disproportion des réquisitions.