Etxerat

ETXERAT (01-08-2019). L’année dernière en ce même lieu où nous nous rassemblons tous les ans, nous avions remis à Markel Olano, Député Général de Guipuzcoa et à Bakartxo Tejería, Présidente du Parlement Basque, un courrier adressé au Président de la Communauté Autonome Basque Iñigo Urkullu. Dans cette lettre, nous lui expliquions notre situation, celle que vivent depuis 30 ans les familles et ami.e.s de prisonnier.e.s politiques basques ; la seule situation qui n’a connu aucun changement depuis le 20 octobre 2011 ; la seule qui, dans le nouveau scénario, reste la même que dans les scénarios précédents et nous appelions le Président à une rencontre avec notre association.

Le Président n’a même pas accusé réception de cette lettre et, de la même façon, a ignoré notre demande. Il a préféré ne pas affronter la situation que nous voulions lui exposer même si, en réalité, nous savons qu’il en connaît fort bien les conséquences, les dommages engendrés et les victimes causées par la politique de dispersion et d’éloignement. Pour cette même raison, nous lui demandons de s’impliquer et de réellement travailler à trouver une solution à la situation que subissent les personnes affectées par la politique pénitentiaire actuelle : plus de 4.000 citoyen.ne.s basques, parmi lesquels de nombreux enfants.

Nous voulons lui rappeler sa responsabilité envers ces citoyen.ne.s, qui sont aujourd’hui les seul.e.s à continuer à subir les conséquences du conflit, dont la résolution demande que nous impliquions toutes et tous.

Depuis la remise de cette lettre, 16 autres proches de 9 prisonnier.e.s politiques basques ont eu des accidents de la route en allant ou en revenant de la visite. Des déplacements imposés, et un risque imposé par une politique pénitentiaire d’exception. En ces temps de contribution à la paix et au vivre-ensemble, cette politique pénitentiaire, dont nous ne savons ni comment ni à qui elle bénéficie, mais dont nous savons très bien qui et à quel point elle fait souffrir, est le plus grand fardeau de la société basque.

Nous voulons également attirer l’attention sur le procès qui commencera le 16 septembre à Madrid. Une nouvelle démonstration de la facilité avec laquelle on peut créer de nouveaux obstacles à un processus de paix. 47 citoyen.ne.s basques vont être jugé.e.s pour avoir assisté médicalement et juridiquement nos proches incarcéré.e.s, pour avoir travaillé en défense des droits humains et à la résolution du conflit, pour être des familles ou pour être solidaires. Nous savons que ce n’est pas pour ces raisons qu’ils sont accusés ; ça aurait été très difficile. Arrêter et incarcérer des citoyen.ne.s basques sous le prétexte « tout est ETA » est beaucoup plus simple.

Deux des nôtres, parentes de prisonniers basques, seront jugées sous cette accusation pour leur travail de porte-parole d’Etxerat dans des réunions, des rencontres, des interviews et des déclarations publiques avec des agents politiques, syndicaux et sociaux, des institutions (parmi lesquelles le Gouvernement Basque), des organisations de défense des droits humains et des médias, au Pays Basque et en dehors. Un travail qui a toujours été fait au grand jour et rendu public.

Travailler, assister les prisonnier.e.s politiques basques, travailler et assister leurs familles, défendre le respect des droits humains de toutes les personnes, accepter l’engagement pour la résolution est certainement très compliqué dans tout processus de paix ; au Pays Basque, cela peut même être dangereux.

En conséquence, nous voulons montrer notre solidarité et notre soutien inconditionnel aux 47 citoyen.ne.s basques qui seront jugé.e.s en septembre à l’Audience Nationale de Madrid, et plus particulièrement à nos deux compagnes de route Izaskun Abaigar et Nagore López de Luzuriaga. À leurs familles également, les 47 familles qui, dans ce nouveau scénario, vivent la même angoisse que dans ceux du passé.

Notre engagement n’est pas une solidarité ou un soutien de façade. C’est celui de continuer à travailler et à défendre notre droit à le faire. Nous continuerons à travailler pour contribuer à la paix et au vivre-ensemble, à la recherche d’une résolution du conflit et pour l’avenir : pour que ce qui est arrivé ne se reproduise jamais.