Etxerat

ETXERAT. L’habitant d’Otxandio (Bizkaia) Ruben Garate, tué il y a 18 ans dans un accident de la route provoqué par la dispersion, a été reconnu à l’unanimité comme victime de la dispersion par le Conseil Municipal d’Otxandio. Samedi dernier 17 février, un hommage à Ruben a été célébré et les représentants de la Mairie ont inauguré une plaque à son nom. Voici le texte de la prise de parole d’Etxerat à cette occasion.

« À l’occasion de l’hommage à Ruben Garate qui nous réunit à Otxandio aujourd’hui, nous voulons tout d’abord envoyer notre plus chaleureux salut à sa famille et à ses amis. Nous voulons également saluer la décision de la Mairie d’Otxandio, car elle vise à reconnaître Ruben Garate, citoyen de ce village, comme une victime de la politique pénitentiaire d’exception appliquée aux prisonniers politiques basques.

Cela fait 29 ans que la politique de dispersion a été mise en marche de façon systématique et générale. 29 longues années. Cette politique pénitentiaire d’exception ajoute un châtiment à la condamnation, celui de l’éloignement familial, social et culturel. Dans le contexte actuel, presque un an après la remise des armes par ETA, les chiffres sont toujours aussi durs : sur les 298 prisonniers basques pour motifs politiques, seuls trois se trouvent au Pays Basque. 83 % sont à plus de 500 km et seuls 9 % à moins de 400.

Dans cette situation, ce sont aussi les parents et amis des prisonniers qui subissent les conséquences de cet éloignement. La peine qu’ils nous ont infligée. La politique d’éloignement entraîne de graves violations du droit aux visites des familles prévues dans l’article 8 de la Déclaration Européenne des Droits de l’Homme.
L’éloignement cause des lésions physiques et psychiques, une souffrance émotionnelle et de terribles pertes financières. L’éloignement fait des victimes et continue d’en faire ; les victimes de violations de droits essentiels ; les morts.

16 personnes ont déjà laissé leur vie sur les routes de la dispersion, et le risque reste entier ; nous sommes obligés de vivre avec ce risque ; nous ne pouvons pas l’éviter. La seule alternative à ce risque est de briser le lien affectif, de renoncer au droit à être une famille et ce choix est INACCEPTABLE. Confronté à cette alternative, pour notre part, nous décidons de continuer à voyager. C’est notre décision, mais en aucun cas notre responsabilité.

La décision de maintenir en vigueur cette politique de vengeance revient bien évidemment aux États. Personne ne remet ce point en question.

Une lecture élargie de la loi 2016/12 de Reconnaissance et de Réparation aux victimes de violations de droits perpétrées entre 1978 et 1999 dans un contexte de violence politique dans la Communauté Autonome Basque devrait permettre la reconnaissance et la réparation à ces victimes-là aussi. C’est là une des revendications de l’association Etxerat.

Nous ne cherchons pas une classification ou une comparaison de la douleur. Mais nous voulons résoudre une situation engendrée par une souffrance non reconnue et des dommages irréparables. Nous cherchons ce qui a été appelé dans d’autres conflits du monde l’égalité morale de la souffrance. Avec un seul objectif : que cela ne se reproduise jamais.

L’hommage d’aujourd’hui est un pas très important dans le chemin de la reconnaissance des victimes de la dispersion, et la décision prise par ce village est sans aucun doute un important précédent.

Pour notre part, nous continuerons à travailler pour la reconnaissance, la réparation et la garantie que cela ne se reproduise jamais. Parce que nous aussi, nous voulons parler au passé, parce que nous voulons vivre en paix et en harmonie, mais surtout parce que nous voulons en finir une fois pour toutes avec la roulette russe que représente l’éloignement. Il est temps d’y mettre un terme.

NOUS LES VOULONS VIVANTS ET À LA MAISON !